L'autre instabilité principale que révèle une surface vicinale est la mise en paquets des marches. Une telle instabilité se rencontre dans de nombreux contextes : (i) lors de la croissance par jet moléculaire en présence de contamination, (ii) lors de la sublimation si l'effet ES est important, (iii) en présence d'un courant électrique perpendiculaire aux marches... C'est sur cette dernière situation que nous avons porté notre attention.
Stoyanov [#!Stoyanov91!#] a montré que la présence d'une force d'électromigration
dans la direction descendante des marches conduit
à une instabilité de mise en paquets des marches.
Misbah et Pierre-Louis [#!Misbah96!#] ont montré que près du seuil
de l'instabilité (le seuil est dû à la compétition
entre les forces élastiques qui stabilisent la surface vicinale
et la force d'électromigration qui la déstabilise) la dynamique
de la densité de marches est régie, dans la limite continue,
par l'équation 4 :
Notre contribution dans cette partie se résume comme suit.
(i) Nous nous sommes intéressés à la limite où la désorption est faible à l'échelle de la modulation de la surface. Cette étude est motivée par les expériences sur le Si(111) où la longueur de diffusion est certainement grande devant la taille de la modulation de la surface [#!Latyshev89!#]. Dans ce régime nous avons dérivé une nouvelle équation d'évolution pour le profil de la surface 5 :
Cette équation est foncièrement différente de celle obtenue dans le cas d'une désorption importante (cf. équation [(ii) Nous avons inclu les termes d'ordre supérieur dans le développement près du seuil de l'instabilité et montré qu'à grand temps un précurseur envers une saturation peut se manifester. Actuellement il n'a pas encore été possible d'estimer ce temps, tant il est difficile d'avoir des informations précises sur les différents coefficients physiques.
(iii) Nous avons finalement établi un pont entre la limite où la désorption est absente (cas dit conservé) et celle où elle ne l'est pas (cas dit non conservé). Nous avons montré que cette limite est subtile. En particulier, dans le cas non conservé, mais avec une faible désorption, les non-linéarités présentes ne sont pas celles que l'on aurait si l'on autorisait une forte amplitude de la désorption (la non-linéarité de type KS s'évanouit plus rapidement que d'autres non-linéarités si l'on prend la limite de faible désorption). Cette étude nous permet maintenant d'avoir une image complète de la dynamique des surfaces vicinales dans la limite continue.