L'étude expérimentale
des instabilités morphologiques sur les surfaces vicinales portées hors de l'équilibre thermodynamique a suivi de près le développement des techniques de microscopies électroniques. Ces dernières ont permis d'observer à l'échelle nanométrique, les structures formées ainsi que leur évolution.
Cependant, les études théoriques sur les mécanismes de croissance leur sont bien antérieurs. C'est en 1951 que Burton, Cabrera et Frank (BCF) [#!BCF51!#] proposent un modèle semi-continu pour rendre compte des mécanismes physiques ayant lieu sur les surfaces cristallines.
La base de leur modèle est une description par couche de la surface, prenant en compte l'existence de défauts géométriques localisés que sont les marches cristallines et les îlots bidimensionnels (voir figure []).
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Les molécules adsorbées peuvent aussi se recombiner avec des lacunes de la surface ou bien entre elles et conduire à la nucléation de nouveaux îlots.
Une discussion approfondie de ce point est donnée dans l'ouvrage de J. Villain et A. Pimpinelli [#!Villain95!#].
Pour notre étude, nous considérerons que la surface vicinale, obtenue après coupe du cristal, est parfaite.
C'est à dire que nous la décrirons comme une succession régulière de terrasses séparées par des marches monoatomiques droites
2.2(comme représentée sur la figure []).
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Lors de la croissance, la surface est soumise à un flux d'atomes. Lorsque les conditions favorables sont réunies 2.3, la nucléation bidimensionnelle d'îlots sur les terrasses peut être négligée [#!Villain95!#]. Dans ces conditions, les adatomes diffusent sur les terrasses jusqu'à ce qu'ils s'attachent à une marche ou désorbent de la surface. La croissance de la surface se fait alors uniquement par l'avancée des marches ; on parle de régime de croissance « par écoulement de marches » . C'est ce régime de croissance que nous prenons comme base pour notre étude de la dynamique des surfaces vicinales.
Appelons V0 la vitesse d'avancée des marches dans le régime de croissance de la surface vicinale par « écoulement de marches » . Il est pratique, pour décrire la dynamique du train de marche, de se placer dans un repère mobile, se déplaçant avec le train de marche (c'est à dire dans un repère se déplaçant à la vitesse V0 par rapport au repère fixe du laboratoire). Les marches sont indexées par la variable m dans le sens descendant de la surface vicinale.
Dans le repère mobile, la position de la marche d'indice m, dans le train régulier de marches, est donnée par :
zm = m , où
est la taille des terrasses.
La surface vicinale est soumise à un flux atomique incident F. Les atomes atterrissent sur les terrasses et s'y adsorbent. Les adatomes (atomes adsorbés) diffusent sur les terrasses avec une constante de diffusion D (nous supposerons la diffusion isotrope sur les terrasses) avant de s'attacher à une marche (et s'incorporer au cristal) ou de désorber de la surface (on appelle le temps caractéristique de résidence des adatomes sur la surface avant désorption. Il est relié à la longueur de diffusion xs par
xs =
.).
Ces processus physiques sont schématisés sur la figure [
].